vendredi 27 janvier 2012

L'EVEIL DU PRINTEMPS de Franck Wedekind, au théâtre 71 à Malakoff

Date : du 11 au 28 janvier 2012

De : Franck Wedekind

Metteur en scène : Omar Parras

Avec : Sophie Botte, Olivia Dalric, Peggy Dias, Alexandre Etheve, Adrien Gygax, Paul Jeanson, Jeanne Pasquier, François Praud et Anna-Lena Strasse

Où ? Théâtre 71, Malakoff


Par où commencer ? La pièce et la mise en scène sont si dense et si porteuse d’idées qu’il est difficile de choisir le point que je vais exprimer en premier. Le commencement sera le plus simple : le texte. Wedekind, dramaturge expressionniste allemand du XXe siècle, écrit cette pièce en 1891, mais celle-ci ne sera jouée que longtemps après car censurée. Je me suis confrontée à cette pièce lors de mes année AJ du Cours Florent. Certains des personnages m’avaient émus et j’avais « joué » le monologue d’Ilse avec grand plaisir. Mais la mise en scène d’Omar Parras, ainsi que mes quelques années de maturité en plus, ont mis en relief certaines choses qui m’étaient passées inaperçues. Notamment, le fait que ce texte soit bien ancré dans son temps quant aux réactions des parents face au tabou qu‘était la sexualité. Ce texte a été étudié de nombreuse fois par Freud car il rejoint aisément ses théories. C’est une pièce novatrice, en effet, la libération des mœurs et de la sexualité ne s’est faite que 80 ans plus tard.


Tout dans cette mise en scène pourrait-être à commenter. Tout d’abord, la scénographie. On se trouve face à un complexe étrange, un pièce qui semble en ruine, avec des murs haut et bas, des portes petite et grande, et de la terre au sol. Ce complexe servira à la fois de salle de classe, de grotte où Melchior se retranche, de bois merveilleux et inquiétants, de chambres et même de cimetière. Ce passage par différents lieux se comprend facilement grâce aux lumière, travaillées à l’extrême. Presque absentes (et pourtant colorées) lors des séances oniriques, présentes et pourtant lugubres lors des scènes quotidiennes. Costumes plutôt  « pop-destroy » (oui, j’invente des mots, et alors ?) , perruques colorées, maquillage blafard, costumes d’écoliers revisités et sexués. Des références fusent pour faire tiquer le spectateur du XXIe siècle : le « Cri » de Munch est tagué sur les murs signe de désespoir de l‘adolescence, la chanson des Doors «riders on the storm » difficulté du passage à l’âge adulte, l’univers du manga par les perruques aspect encore enfantin de cette période, Nietsche commencement du nihilisme après cette période religieuse et strict à l‘extrême, Freud avec sa  psychanalyse qui veut que tout nos problèmes nous viennent de l’enfance, le cinéma muet qui montre l‘absurdité et les propos vieillot des parents. Bref tout un tas de clins d’œil ou de références qui facilitent la compréhension de la pièce et lui donne plus de matière encore.


C’est une pièce qui prend aux tripes, qui fait rire (parfois) même si les rires sont plus jaunes qu’à grand éclat. Une pièce qui donne matière à réfléchir. Personnellement, juste à la fin de la pièce, je voulais la revoir encore une fois et je crois avoir été la dernière personne a m’arrêter d’applaudir dans la salle tant j’avais aimé.

Si vous voulez en apprendre plus sur cette pièce et mise en scène, un des numéros de l’Avant scène théâtre y est consacré entièrement. Et je finirai par dire qu’un bon texte ne fait pas forcément une bonne adaptation à chaque fois. Des américains ont décidé de faire de cette pièce un musical (oui oui) qui devrait pas tarder à venir en France. Alors je vous laisse face à la nullité de la chose. Have Fun.


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