mercredi 22 août 2012

OCTOPUS, de Philippe Découflé


Compagnie : DCA (Diversité Camaraderie Agilité)

Auteur – chorégraphe : Philippe Découflé

Musique : Nosfell

Théâtre : Espace Michel Simon, Noisy le grand

 Date : 30 et 31 mars 2012




L’octopus, cet animal à huit pattes s’est invité à l’espace Michel Simon de Noisy Le Grand, le vendredi 30 et samedi 31 mars. Créée en 2010 au Théâtre National de Bretagne par Philippe Découflé, ce ballet est l’aboutissement de la rencontre entre le chorégraphe et le musicien Nosfell car l’idée émergea à la suite de sa version de la lancinante chanson de Nirvana « Where did you sleep last night ? ». Recueil de poèmes chorégraphiques, l’ensemble est formé de différents tableaux aux ambiances diverses dont le seul lien est le rapport au titre : « Octopus ». Liens que nous expliciterons après avoir narré l’histoire de Découflé.  

Philippe Découflé est né en 1961. Il se forme par le biais de trois personnalités : Isaac Alvarez, mime et chorégraphe qui incarnera notamment Belphégor, Annie Fratellini, première femme à interpréter l’Auguste, issue d’une grande famille du cirque, dont il apprendra le gout pour les domaines circassien et une attirance pour le burlesque, et Merce Cunningham, qui fit la liaison entre danse moderne et contemporaine et lui appris l’importance de la notion du hasard. Parmi ses autres influences, on cite Alvin Nikolaïs pour la notion de spectacle total et Régine Chopinot, pour l’utilisation de l’accessoire comme appendice du danseur.
Philippe Découflé a eu un parcours éclectique. Son succès arrive en 1992 avec sa mise en scène des Jeux Olympiques d’Albertville. Avant cela, il créée en 1983 sa compagnie DCA (Diversité Camaraderie Agilité) et gagne la même année le concours de Bagnolet et le prix du ministère de la culture. Il met en scène d’autres événements sportifs, réalise des clips de New Order, travaille avec le Crazy Horse Saloon, met en scène le défilé du bicentenaire de la révolution. En somme, son travail est ouvert éclectique et apprécié.

Les différents thèmes de tous les tableaux ont toujours un lien avec le titre « Octopus », cet être à huit membres. De cet animal, il a extrait toutes les significations possibles pour en faire des saynètes. Le couple, l’Amour surtout dans une version physique, ces deux êtres qui ne font plus qu’un, l’animalité, la bestialité qui se cache en chacun de nous, à la fois vu en tant que meute mais également en tant qu’individu. La peur, la fascination pour l’araignée, la mort. Pour traiter l’ensemble de ses thèmes, Découflé a choisi des tons variés : l’onirisme par des jeux de lumières très travaillés, l’humour burlesque par des costumes, notamment celui du mariage individuel où la danseuse est mi-homme, mi- femme, ou par des extraits de textes. Il utilise des matières circassiennes : le couple suspendu dans des fils, symbole de souffrance voulue, de sadomasochisme. Ses univers sont très contrastés et sensuels.

Le choix des danseurs est particulier : il aime les corps atypiques. Aucun danseur ne se ressemble : nain, noir, blanc, trapu, mince. Les corps doivent être musclés cependant, mais le choix se fait sur des particularités du corps. Il aime d’ailleurs ne travailler que sur une seule de ces parties et les mettre en valeur. La toute première pièce montre un homme assis près d’une table dont le bras se meut, se coupe au niveau du coude en faisait le tour de la table par des mouvements insensés. Mais également lors d’un tableau où seules les jambes de danseuses ont été éclairées. Il aime également se faire rencontrer, toucher, effleurer et entrechoquer les corps. Notamment, lorsqu’il exploite le thème du couple. Les corps sont tordus, torturés. Lors des scènes de groupe, de meute, les corps se répondent et l’effet de miroir se ressent.  

Les costumes sont différents à chaque scène et trois axes peuvent être définis : la nudité, le corps est sensuel, moite et torturés, l’animalité, où le principe de Chopinot est repris, l’accessoire continue le corps du danseur et rend cet animalité crédible, et le burlesque, le costume est contrasté, drôle. Les choix de décors et de vidéos reprennent ces trois axes. La vidéo sert à la fois à insister sur des détails des danseurs mais aussi à projeter un visage étrange qui peut provoquer le rire.

Le dernier aspect dont je voudrais aprler est la musique. La musique est la colonne vertébrale de ce spectacle. Jouée par Labyala Nosfelle et Pierre Le Bourgeois, composé par Nosfelle. Elle rythme chacune des pièces et les musiciens sont visibles sur scène. Mais, c’est surtout à partir d’un morceau que l’idée est arrivée : « Where did you sleep last night ? » de Nirvana qui revient plusieurs fois. Du rock baroque composé par Nosfell au « Boléro » de Ravel, hommage à Béjart, en passant par Nirvana, la musique est tout comme le spectacle : éclectique et prenante. 


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