Auteur : Edvard Munch
Année(s) d’écriture : 1889
– 1929 environ
Année de parution : 2011
Édition : Les presses du
réel – collection « dedalus » (Jérôme Poggi)
Traduction du norvégien :
Luce Hinsch
Le voici, mon Saint Graal, ma
nouvelle bible, mon objet d’adoration ! Les Ecrits de Munch. Pour la petite histoire : je suis allé au
musée Munch d’Oslo, il y a de cela quatre ans environ (Dieu, que le temps passe
vite) et en me baladant parmi les œuvres de mon peintre préféré (avec Magritte
ex-aequo, mais ça n’a rien à faire dans l’histoire) je vois dans une des vitrines,
des pages de ses cahiers. En temps normal, ce genre d’étalage ne m’intéresse
pas car on ne comprend rien à ce qu’il y a d’écrit, les dessins (s’il y en a)
sont mal mis en valeur etc. Mais celles-ci étaient particulières. Une esquisse,
encre de chine couleur violette et noir, m’a fascinée. J’ai donc lu ce qu’il y
avait d’écrit à côté, enfin, sur l’étiquette en dessous, car je ne parle pas
encore norvégien couramment. Et là j’ai eu, ce qui est au sociologue l’équivalent
du créationnisme aux scientifiques : un choc esthétique. L’écrit, le poème
était magnifique, un peu mélancolique, des images d’une beauté. Retour sur
terre : je n’ai pas pris mon appareil photo sur moi et je n’ai rien pour
écrire. Comment vais-je faire pour le noter ? Pour m’en rappeler ?
Aucune solution immédiate. Génération Y oblige, je me dis que je
trouverais bien sur Internet. Grosse, très grosse erreur. Je désespérais, de
site en site, de google en Yahoo. Rien à faire, le vide sidéral. Jusqu’au jour,
où, après avoir visité l’exposition Munch à Pompidou, je tombe sur ce livre
dont la couverture ne payait pas de mine. Je l’ouvre dans la boutique et presque
immédiatement, je tombe dessus. Sur ce texte qui m’a hanté pendant quatre ans !
(Et sur bien d’autres choses évidement). Je ne réfléchis pas : je l’achète
(enfin ma mère me l’offre, si l’on veut être plus précis).
Vous l’aurez compris, dans ce
livre, il y a les écrits de Munch, ses poèmes et réflexions. Le petit plus est
que nous avons également les pages de cahiers, avec les écritures et les
esquisses, scannées. Le manifeste de Saint Cloud, texte relatant ses
impressions lors d’une soirée dans un bar de Paris. La Cité de l’Amour perdu,
courte pièce de théâtre, pas vraiment fondamentale, critique de l’argent, des
femmes et de la société en général. Alpha et Oméga, sa vision de la genèse de l’Humanité,
qui marque la fin de une longue période de folie et de tourmente. Le cri, L’arbre
de la connaissance pour le meilleur et pour le pire et Cristallisation, des
écrits sur ses idées, ses pensées, ses impressions, de la vie, de la mort, de
la création, de l’univers…
C’est un livre que je
recommande à ceux qui aiment sa peinture, bien évidemment, mais qui la
comprennent ou veulent vraiment la comprendre. Bien sûr, je le conseille aussi
à tous ceux qui aiment se poser des questions tout le temps, qui remettent en
question le monde autour d’eux, qui attendent d’un écrit qui les fassent
réfléchir. Pour finir, je vais vous retransmettre ce fameux poème qui m’a tant
bouleversé.
Le clair de lune glisse sur
ton visage
Plein de toute la beauté du
monde
Et de souffrance
Tes lèvres sont comme deux
rubis rouges –
Et pleines de sang comme
Un fruit rouge carmin
Elles s’entrouvrent comme par
douleur
Un sourire de cadavre – C’est
pourquoi
La chaîne se referme qui
relie génération
Après génération –
Comme un corps glisse dans
Un grand océan – sur de
longue vagues qui
Changent de couleur du violet
profond
Au rouge sang
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